Une longue série d’innovations jusqu’à la radio en ligne
Invention plus que centenaire, la radio fait toujours partie de notre quotidien aujourd’hui.
Malgré la popularité d’autres médias plus récents qui auraient pu la supplanter, comme la TV ou Internet, la radio fait de la résistance. Elle s’est d’ailleurs « transposée » sur ces canaux avec un certain succès.
Il existe en effet des chaînes musicales à foison à la télévision. Internet a quant à lui apporté le moyen d’écouter la radio en ligne et en direct, ce qui a donné lieu à une nouvelle façon de la « consommer » au quotidien.
Une vraie révolution pour cette bonne vieille radio, en même temps qu’un retour aux sources d’une certaine manière.
En effet, les stations de radio sur Internet ont largement été popularisées à leurs débuts par des amateurs passionnés qui diffusaient des contenus (musicaux, principalement) dans un esprit de partage.
Dès 1995, la première webradio fait son apparition. Radio HK diffusait alors des CD en boucle à ses auditeurs. Elle fut la première d’une longue série.
Aujourd’hui, il est possible de découvrir des milliers de stations de radio provenant du monde entier et de s’ouvrir ainsi à d’autres styles de radios, différentes cultures et musiques.
À la différence de la radio traditionnelle, la radio en ligne s’affranchit également des fréquences puisqu’un simple site web permet d’y accéder. On peut donc voyager en l’écoutant, et ce quel que soit l’endroit où l’on se trouve.
Que l’on soit dans le métro, en train de lire dans son canapé ou de faire son footing, elle permet s’adonner à d’autres activités en même temps. On peut donc écouter ce qu’on veut, quand on veut, depuis son PC ou son smartphone… Et sans publicité, le plus souvent (en tout cas sur les webradios indépendantes) !
Enfin, notons que la liberté d’expression est elle aussi plus facilement permise sur une radio en ligne que sur les ondes des stations de notoriété publique. Cette liberté permet de s’ouvrir à d’autres réflexions, débats et idées auxquels on n’aurait pas forcément eu accès autrement.
Les débuts de l’électromagnétisme, l’ancêtre de la radio
Des décennies avant que Detroit ne soit en mesure de diffuser le premier programme d’information radio, James Clerk Maxwell donnait des conférences sur ses théories de l’électromagnétisme.
L’homme avait commencé à travailler sur les liens entre l’électricité et le magnétisme dès 1855, avant de publier en 1865 un essai historique intitulé « A Dynamical Theory of the Electromagnetic Field ».
Maxwell y partageait ses découvertes démontrant que les ondes électriques et magnétiques se déplacent dans l’espace à la vitesse de la lumière, et que la lumière elle-même est un type d’ondes qui peut circuler dans le vide.
Ses recherches ont également introduit diverses preuves mathématiques pour étayer ses déductions, qui alimenteront plus tard les recherches de physiciens comme Albert Einstein.
Cependant, les recherches de Maxwell se sont principalement concentrées sur la théorie de l’électromagnétisme plutôt que sur ses applications pratiques. Ce n’est qu’en 1886 que les théories de Maxwell ont pu être prouvées en pratique, lorsque le physicien Heinrich Hertz a découvert que l’électricité statique libérée pouvait se déplacer entre deux bobines spirales de Riess.
Cette découverte a permis à Hertz de créer la première version d’un émetteur radio, car l’étincelle d’électricité entre les bobines émettait des ondes radio.
Ces ondes, dont Hertz a prouvé par la suite qu’elles pouvaient être reçues par de simples antennes, ont rapidement été appelées à l’époque « ondes hertziennes ». Elles ne prendront le nom « d’ondes radio » que 20 ans après la découverte révolutionnaire de Hertz.
Nikola Tesla, Guglielmo Marconi et Lee de Forest, les pères de la radio
Le premier brevet de radio
Mais avec la découverte de l’onde hertzienne est apparue une méthode permettant d’envoyer et de livrer des messages sans fil.
Ces divers émetteurs fonctionnaient tous sur la base de la transmission par « étincelles » de Hertz, produisant des impulsions intermittentes d’ondes radio.
Dans le prolongement des travaux de Hertz, le génial Nikola Tesla a fait la première démonstration d’une communication sans fil dès 1893. Il dépose le premier brevet radio américain en 1897.
Dans le même temps, un autre ingénieur travaille dur sur des essais de transmissions d’ondes radio : Gugliemo Marconi.
La première demande de brevet de Marconi aux États-Unis, en 1900, est quant à elle rejetée. Il fera par la suite d’autres demandes qui seront rejetées à leur tour dû aux brevets déposés par Tesla avant lui.
Néanmoins, son entreprise Marconi Wireless Telegraph Company Ltd. commence à prospérer. Le 12 décembre 1901, Marconi transmet pour la première fois des signaux à travers l’Atlantique.
En 1904, à la surprise générale, l’Office américain des brevets revient sur ses décisions précédentes et accorde à Marconi un brevet pour l’invention de la radio.
Marconi remporte plus tard le prix Nobel et Tesla poursuit sa société pour contrefaçon. En 1943, quelques mois après la mort de Tesla, la Cour suprême des États-Unis annule finalement le brevet de Marconi en faveur de Tesla.
La naissance de la radio AM
Aussi frauduleuses que soient ses méthodes, on doit à Marconi le premier émetteur complet et commercialement viable en 1894.
Son émetteur n’était cependant pas vraiment comparable aux émetteurs radio d’aujourd’hui.
Pour commencer, la transmission vocale était impraticable à cause de la nature brisée et intermittente de la radio à étincelles. Il fallait aussi que les utilisateurs envoient leurs messages en code Morse. En raison de ces limitations, Marconi commercialise son invention non pas pour les émissions de divertissement, mais pour une utilisation dans les domaines militaire et maritime.
Ces industries ont toutefois été lentes à accepter son invention, craignant qu’elle ne permette pas de transmettre efficacement les messages essentiels.
Ce n’est qu’après que Marconi a démontré que son émetteur était capable d’envoyer un signal reçu au-delà de l’océan Atlantique en 1901 que son invention (et la radio) a commencé à prendre son envol. Peu après sa démonstration (qui a nécessité une réception audio couvrant 3500 km), ses émetteurs ont été utilisés pour les communications navire-navire et navire-terre.
Marconi n’est cependant pas le seul inventeur à chercher à tirer profit des applications commerciales de la radio.
L’Américain Lee de Forest est en concurrence avec Marconi pour produire un émetteur qui pourrait être utilisé à des fins maritimes, mais avec beaucoup moins de succès. Bien que les efforts de Forest aient largement échoué, ses expériences l’ont amené à créer une variation de l’émetteur à arc en 1906, créé au Danemark trois ans auparavant.
L’émetteur en question produisait une transmission continue d’ondes en convertissant un courant électrique direct en un courant alternatif d’ondes radio. Il créait ainsi un courant à étincelles qui permettait à de Forest de transmettre la voix à travers des transmissions audio « modulées en amplitude », autrement connues sous le nom de radio AM.
Une première communication radio terre-mer
Malgré ce développement majeur, les premières transmissions vocales de de Forest sur la bande AM se heurtent à un faible volume et à une qualité médiocre.
Il doit alors trouver une solution pour améliorer ses transmissions s’il veut concurrencer Marconi. Cette solution se présenta sous la forme de l’Audion, un tube à vide qui réussit à amplifier suffisamment les signaux pour que la voix puisse être entendue assez bien sur les ondes.
Bien que le potentiel de cette technologie soit vaste, de Forest choisit de commercialiser son invention comme étant utile à la technologie maritime et militaire, tout comme Marconi.
Finalement, de Forest sera le premier à réaliser une communication radiotéléphonique navire-terre. La marine américaine a rapidement adopté la technologie de de Forest à bord de ses navires pour les communications vocales, mais l’Audion n’était pas largement utilisé dans d’autres applications à l’époque.
Bien que son champ d’application initial ait été limité, il a servi de base aux développements ultérieurs de la triode, un tube à vide amélioré qui a conduit aux premières émissions de radio commerciales.
La radio amateur fait tomber les barrières
La nouveauté qu’est la radiodiffusion attire rapidement des centaines de personnes vers ce média. Après l’introduction de la technologie audio améliorée de Marconi et de Forest en 1906, les opérateurs de radio amateurs se sont rapidement mis à transmettre sur les ondes.
Des interférences radio jusqu’à la catastrophe Titanic
Le succès de la première radio est immédiatement apparent. En 1909, 89 stations de radioamateurs sont enregistrées aux États-Unis et au Canada, et le premier club de radioamateurs, connu à l’époque sous le nom de Junior Wireless Club, est créé.
Ces premiers diffuseurs n’étaient cependant pas du tout réglementés par le gouvernement. En raison de la nouveauté de la radio, beaucoup ne voyaient pas la nécessité de restreindre les groupes qui pouvaient s’exprimer sur les différents canaux.
Les opérateurs de radio amateurs se mêlaient alors fréquemment aux transmissions gouvernementales et maritimes, ce qui avait pour conséquence d’obscurcir des messages importants.
Beaucoup de ces interférences n’étaient pas intentionnelles, bien que certains opérateurs plus jeunes s’amusaient sciemment avec les fréquences, rendant difficile l’arrivée à destination des messages officiels. Ces pratiques non réglementées ont pu se poursuivre pendant plusieurs années jusqu’au naufrage d’un certain Titanic en 1912.
Après avoir enquêté sur la façon dont le naufrage du navire s’est produit, on a découvert qu’en plus des communications défectueuses entre le navire et ceux à proximité, des transmissions amateurs avaient interféré avec les informations transmises du navire à la côte concernant la catastrophe.
En conséquence, les premiers rapports suggéraient que tous les passagers avaient survécu, alors qu’en réalité, seuls 745 des 2222 passagers estimés à bord s’en étaient sortis.
La place aux émissions radio commerciales
Le gouvernement américain n’a pas tardé à réagir pour tenter d’éviter des catastrophes similaires en adoptant la loi sur la radio de 1912.
Non seulement celle-ci obligeait tous les opérateurs radio à détenir une licence, mais elle limitait également les transmissions amateurs à des fréquences de 200 mètres ou moins. Le pouvoir en place pensait ainsi réserver les longues fréquences à des besoins plus importants.
Peu de temps après que la loi soit passée, les transmissions amateurs ont presque complètement cessé.
Si les limitations imposées aux longueurs d’ondes amateurs ont nui à la pratique récréative de la radio, elles ont également ouvert la voie à des transmissions commerciales plus locales (et personnalisées).
Bien que certains programmes radio aient débuté dès 1906, ils ne sont devenus courants qu’après l’adoption de la loi sur la radio et la Première Guerre Mondiale, au cours de laquelle toutes les transmissions radio non militaires ont été interdites. Cette interdiction a été levée à la fin de la guerre en 1918 et, en 1920, le premier bulletin d’information radio a été diffusé sous l’indicatif 8MK.
L’indicatif d’appel, exploité par une petite station d’informations de Detroit, était enregistré en tant qu’indicatif d’amateur. Cette pratique est rapidement devenue courante pour les stations de radio commerciales du pays, la radio amateur ayant cédé la place aux nouvelles émissions commerciales locales.
L’âge d’or de la radio
La pratique de la radio commerciale utilisant des indicatifs d’appel d’amateurs s’est poursuivie jusqu’à ce que le gouvernement publie le Radio Act de 1927.
C’est cette nouvelle loi qui, entre autres choses, a établi la Federal Radio Commission (une agence gouvernementale) et créé des indicatifs d’appel commerciaux sous une nouvelle licence fédérale. De nombreuses stations se sont alors empressées d’obtenir ces licences. La première a été accordée à la station 8XK, devenue ensuite l’historique KDKA.
La diffusion d’informations et de divertissement à la radio
Très connue aux USA, KDKA était connue comme une pionnière de la radiodiffusion commerciale. Elle a en effet été la première station à recevoir une licence fédérale, mais aussi à introduire une programmation pour les enfants, des émissions de concert et des services religieux. Le succès quasi instantané de KDKA a encouragé les stations de radio de tout le pays à lancer leur propre programmation régulière.
En 1927, la National Broadcasting Company (NBC) et le Columbia Broadcasting System (CBS) avaient été créés pour une diffusion régulière.
Les premières radios commerciales diffusées par ces systèmes se concentraient sur la diffusion d’informations et de petits éléments de divertissement, mais la situation a changé avec la création du Mutual Broadcasting System (MBS) en 1934.
Le MBS a été créé par diverses stations de radio indépendantes qui se sont réunies pour échanger des programmes radio syndiqués. Il est à l’origine du succès de grands feuilletons radiophoniques dans les années 30 et 40, comme The Lone Ranger et The Adventures of Superman.
La radio, précurseur pour les discours des présidents
En conséquence, la radio est devenue l’une des principales sources de divertissement avant l’invention de la télévision après la Seconde Guerre mondiale. Elle a également été l’un des principaux canaux de communication officielle entre le gouvernement et la population.
À partir de 1933, le président Franklin D. Roosevelt a entamé une série de ce que l’on appelle aujourd’hui les « discussions au coin du feu ».
Lors de ces émissions, Roosevelt informait le peuple américain sur des questions d’intérêt public (récession, propositions du New Deal, nouvelles de la Seconde Guerre mondiale, etc.). Ces discours ont créé un précédent pour les futurs présidents, puisque tous les successeurs de Roosevelt ont fait le point périodiquement avec le public américain, d’abord à la radio, puis à la télévision.
Au début des années 50, la radio était devenue le média le plus populaire pour le divertissement et les informations, et son immense popularité avait conduit à l’invention de radios de poche transportables.
La télévision, la fin du 20e siècle et la radio aujourd’hui
Avec la création de la télévision au milieu des années 50, la popularité de la radio a commencé à décliner en tant que moyen de divertissement. De plus en plus d’auditeurs lui préfèrent désormais la télévision pour se divertir. Cette dernière, initialement considérée comme une « radio avec des images », utilisait la technologie des ondes radio pour transmettre une image en même temps que le son. De nombreux programmes radio traditionnels ont ainsi cessé en 1960.
Les stations de radio se sont alors tournées vers la production d’émissions telles que le légendaire Top 40, focalisé sur la diffusion de titres d’actualité parallèlement à la musique populaire. Malgré la baisse de popularité de la radio dans le domaine du divertissement, elle a continué à occuper une place importante tout au long de la fin du 20e siècle.
À la fin des années 1960, la radio avait dépassé les bandes AM et FM de base pour passer à la radio numérique, qui convertissait le son en une série de chiffres, plutôt qu’en signaux électriques traditionnels. La radio numérique a été utilisée pour développer des technologies telles que le réseau téléphonique longue distance américain puis, à la fin des années 1990, pour créer des services de radio par satellite.
La radio a également joué un rôle déterminant dans le développement du GPS par le biais des satellites spatiaux, et des systèmes de radionavigation comme le système LORAN au cours des années 70.
La radio AM et FM (également appelée « terrestre ») reste un moyen de divertissement encore populaire aujourd’hui. Elle représente toujours un moyen privilégié pour découvrir de nouvelles musiques, s’informer ou réfléchir lors de débats.
Son prolongement en ligne n’est qu’un moyen plus facile d’accéder à la radio.
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