Le savoir acquis sous la contrainte n’a pas de prise sur l’esprit.  Par conséquent, n’utilisez pas la contrainte mais faites que l’éducation précoce soit plutôt une sorte d’amusement.

– Platon

On dénombre plus d’un milliard d’indiens, soit environ une personne sur 7 sur la planète. Environ la moitié d’entre elles est malheureusement illettrée. Seulement une sur quatre a accès à des sanitaires dignes de ce nom. Quelque 350 millions d’indiens vivent avec moins d’un euro par jour.

Et pourtant, comme un étrange paradoxe, l’Inde est aussi l’un des terreaux qui voit fleurir des entreprises de haute technologie parmi les plus avancées au monde. New Delhi, c’est un peu la Silicon Valley à l’indienne.

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Dr Sugata Mitra

Il y a plusieurs années, un ingénieur informatique a eu une idée brillante. Son nom: le Dr Sugata Mitra.

Sorte d’humaniste moderne, il croit en la puissance de la curiosité et du savoir pour repousser les limites de l’esprit humain. Et il s’est fixé comme objectif de répandre ce savoir, comme l’on voulu les Lumières à leur époque.

En observant son environnement, il s’est donc demandé ce que cela donnerait si on laissait un ordinateur équipé d’Internet en libre service aux enfants des quartiers pauvres.

Comment appréhenderaient-ils l’outil, eux qui n’ont jamais touché à un ordinateur de leur vie? Quels sites visiteraient-ils, quelles applications utiliseraient-ils?

Le Dr Mitra a donc décidé de mettre en œuvre son idée et c’est ainsi qu’est né le projet « Hole In The Wall » (« un trou dans le mur »).

Un apprentissage autodidacte et non-invasif

A l’époque de l’expérience (1999), le Dr Sugata Mitra était à la tête du département de Recherche et Développement au NIIT, une entreprise leader en logiciel informatique à New Delhi.

Juste à côté de son bureau se trouve un mur séparant son building high-tech d’un bidonville. L’idée de Mitra est simple: mettre un ordinateur doté d’une connexion Internet a disposition de ceux qui vivent « de l’autre côté du mur », et voir ce qui s’y passe.

A sa grande satisfaction, des enfants curieux ont été immédiatement attirés par l’étrange machine. Lorsqu’ils ont demandé au docteur s’ils pouvaient le toucher, celui-ci leur a répondu: « c’est de votre côté du mur ». La règle veut qu’ils ont le droit de toucher tout ce qui est de leur côté du mur; ils ont donc touché l’ordinateur.

En seulement quelques minutes, les enfants ont compris le principe de la souris (pointer un objet puis cliquer dessus). A la fin de la journée, ils parcouraient les 1001 ressources que le Web a à offrir.

En leur donnant l’opportunité de s’en servir, les enfants ont appris seuls les rudiments de l’utilisation d’un ordinateur et d’Internet.

L’un des garçons en particulier, Rajinder, est devenu un petit expert à son échelle.

Rajinder a commencé par visiter le site de Disney et a poursuivi sur des sites d’actualités. Il utilise aussi les outils graphique comme Paint pour exprimer sa créativité.

Son professeur dit de lui:

Il est meilleur élève à présent. Il est devenu plus hardi et expressif et je place de grands espoirs en lui.

Et lorsque le Dr Mitra lui demande de définir Internet, le petit malicieux s’empresse de répondre « la chose avec laquelle on peut tout faire ».

Suite au succès du 1er Hole In The Wall, Sugata Mitra a reproduit l’expérience dans d’autres lieux, chaque fois avec la même réussite. Il a finalement nommé sa démarche d’éducation autodidacte Minimally Invasive Education (MIE), qu’on pourrait traduire en français par « méthode d’éducation non-invasive ».

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Des enfants indiens s’émerveillant devant un ordinateur

L’une de ces initiatives s’est notamment concentrée sur le recrutement de fillettes. Ça peut sembler anodin, et pourtant c’est une révolution dans une société ou seule une femme sur trois sait lire.

Le Dr Mitra aime la façon qu’ont les enfants de réinventer l’utilisation de l’outil informatique. Il prend l’exemple des noms qu’ils attribuent aux différentes icônes:

Il n’appellent pas un curseur (la flèche qui sert à cliquer sur les icônes) « curseur ». A la place ils utilisent le terme sui, qui signifie « épine » en hindi. De même, ils nomment damru le sablier qui indique le chargement d’un élément.

Damru est le tambour du dieu Shiva, que ce sablier évoque en effet un peu selon Mitra.

Le Dr Mitra est ainsi convaincu que les ordinateurs ont le pouvoir d’apporter la prospérité aux régions pauvres et rurales tout en favorisant de l’emploi pour les populations locales.

Si le cyber-espace est considéré comme un lieu, alors il existe des personnes qui en font partie et d’autres pas. Je pense que le « trou dans le mur » nous donne une méthode pour créer une porte à travers laquelle un grand nombre d’enfants peut s’introduire dans cette nouvelle arène. Quand cela arrivera, ça aura changé notre société pour toujours.

Si cette expérience a été initiée en 1999, le Dr Mitra n’en est pas resté là.

Il a développé son concept à d’autres villes à travers le monde et a un nouveau projet dans sa besace: « School in the Cloud ». L’idée est  d’utiliser Internet et les outils de conversation en ligne (ex: Skype) pour construire des centres d’apprentissage en ligne. L’objectif est d’aider les enfants défavorisés à obtenir des informations et à les utiliser en ligne.

Un bel exemple qui, je l’espère, sera suivi par d’autres pour propager le savoir à ceux qui n’y ont pas accès !

Pour aller plus loin, ne manquez pas la passionnante intervention de Sugata Mitra lors d’une conférence TED. Il y parle justement de son expérience du Trou dans Le Mur:

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2 Réponses

  1. Emma

    C’est malheureusement ce que fait certains pays musulmans, ils obligent leurs enfant de trois ou plus à allez dans des écoles à apprendre le corans ( ce qui est bien) mais certains enseignant ne sont pas former pour donc ils utilisent des méthodes assez dur voir terrifiante pour faire passer leurs savoir !!

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