« La question clé n’est pas ‘qu’est-ce qui favorise la créativité’? Mais c’est pourquoi, nom de Dieu, tout le monde n’est-il pas créatif? Oú a été perdu le potentiel humain? Comment a-t-il été paralysé? » Abraham Maslow.
Il existe un réel paradoxe concernant la créativité aujourd’hui.
Nous vivons dans une société toujours plus curieuse et nous disposons des moyens nécessaires pour assouvir cette soif de savoir (je pense surtout à Internet en disant ça).
Nous sommes sans cesse connectés, de sorte que tout ce qui attise notre curiosité est souvent noyé sous un flots de distractions insipides (on appelle cela l’infobésité).
Conséquence: nous faisons moins appel à notre sens critique, et toutes ces distractions nous laissent d’autant moins l’occasion de nous montrer créatifs.
D’une certaine manière, la technologie et le confort qu’elle nous apporte tue notre créativité à petits feux…
Débrancher, le début de la solution?
Face a cela, certaines personnes tentent le défi de débrancher, se déconnecter de ces incessantes sollicitations.
C’est même un sujet à la mode puisque outre certaines chroniques de journalistes dont j’ai entendu parler, un homme en a fait le sujet principal de son livre (Internet rend-il bête ? : Réapprendre à lire et à penser dans un monde fragmenté, de N. Carr – dont je vous ferai la revue dès que je l’aurai lu).
Nous prenons (ou n’avons) moins le temps de nous consacrer aux choses contemplatives (balades en forêt, lecture, ou simplement regarder le ciel plutôt qu’avoir nos yeux rivés à nos smartphones).
Steven Johnson le disait d’ailleurs fort bien dans cette excellente vidéo publiée sur Out the Box il y a peu.
Je pense que nous (je m’inclue dans le lot) ne profitons plus de cet ennui sain, ces moments de désœuvrement qui nous poussaient à faire quelque chose de créatif pour nous occuper.
Il n’y a qu’à voir comment agissent les individus qui n’ont pas accès à la technologie pour s’en convaincre…
Comment retrouver ce potentiel perdu ?
Quels obstacles freinent notre créativité ?
Selon les répondants à l’étude publiée par Adobe en mai dernier, voici les principales entraves à notre potentiel créatif :
– Le manque de temps
– Le manque d’argent
– Le manque de confiance en soi
– Les obligations personnelles ou professionnelles
– Et l’âge.
L’étude montrait également que le système éducatif a tendance à étouffer la créativité au profit de connaissances académiques.
Ce penchant se poursuit malheureusement plus tard au travail, où les initiatives sont souvent sacrifiées sur l’autel de la productivité.
A côté de ça, il apparaît que nous gagnons progressivement en quotient intellectuel (je suis d’accord, ça n’est pas évident chez tout le monde). ^^
Mais ce gain est-il réellement intéressant si l’on ne parvient pas à l’exploiter de manière originale ?
Les enfants, premières victimes de ce déclin créatif
Une chercheuse américaine, Kyung Hee Kim, a justement voulu creuser la question.
Elle a courageusement décortiqué 40 ans de tests de créativité menés sur des enfants et des adultes pour en tirer les conclusions qui s’imposent: la pensée créative reste égale ou décroit à partir de la 6ème.
Pour établir ce triste constat, Kim s’est basée sur le Torrance Test of Creative Thinking (TTCT), le meilleur test de créativité qui existe.
Celui-ci mesure le potentiel créatif dans divers domaines tels que l’art, la littérature, les sciences, les maths, l’architecture, la mécanique, le business, le leadership (« qualité de meneur d’hommes », en V.F) et les relations avec les autres.
Ce déclin est particulièrement préoccupant chez les jeunes enfants car il retarde certaines capacités qui sont censées mûrir au cours d’une vie. La baisse de la pensée créatrice pour les jeunes enfants survient sans doute plus à la maison que dans les écoles car les élèves de maternelle et de première année ont tendance à être plus influencés par l’environnement familial que par l’école. Cependant, il est probable que les deux environnements contribuent à l’effet.
Quelle que soit la cause, cela laisse supposer que la baisse de la créativité va plus loin que le manque de temps ou d’argent à notre disposition…
==> Téléchargez le test de créativité américain de Torrance <==
Que pensez-vous de tout cela? Pensez-vous que la pensée originale, créatrice et libre a de l’avenir ou êtes-vous de l’avis, plus pessimiste, de cette chercheuse?
Avez-vous des exemples de ce qu’elle avance dans votre entourage?
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J’ai la chance d’habiter un pays oü la créativité est mise de l’avant
Merci pour ce partage!
@Régis : De rien ! J’ai vu sur ton site que tu vivais au Canada, ce qui ne m’a pas étonné (voir cet article) .
J’en profite pour te dire que le sujet de ton site me parle, le fait de vivre l’instant présent, tout ça. Je reviendrai pour le parcourir quand j’aurai un peu plus de temps 😉
@Gilles : Bonjour Gilles ! Je crois que tu va bien t’entendre avec Régis 😉 Ravi d’apprendre que l’article t’as plu. J’aime aussi parfois débrancher, en allant me balader en forêt par exemple. Mais ce qui m’inquiète ce n’est pas tant pour les adultes qui ont grandi sans la technologie (et qui, du moins à priori, savent faire la part des choses). C’est davantage pour les plus jeunes qui se laissent plus facilement « lobotomiser » car ils possèdent moins de recul, moins d’expérience.
Se lancer dans un gros bouquin, ça peut impressionner un peu au départ. Partir se promener, observer les choses et les gens, ça peut sembler être une perte de temps. Et pourtant, quels bénéfices on peut en retirer lorsqu’on se donne la peine de le faire !
J’ai apprécié les exemples pour un “ennui sain” :-). J’aime ne rien faire ou faire les choses lentement. Ressentir l’instant présent procure du bien-être. Et je trouve ça terrible d’être de plus en plus connecté dans la vie de tous les jours. Véritable addiction – que je subis moi aussi 😉 – qui a ses avantages et ses revers : oui, moins pensée par soi-même et donc moins de créativité, mais aussi moins de joie de vivre, moins de goût esthétique, moins de contact humain. Débat intéressant en tout cas.
Merci pour l’article ! 😉 Je partage l’analyse… Mais nous ne sommes pas obligés de suivre le mouvement général.
En plus de se couper du flux d’information, je pense qu’il est important d’identifier les moments où notre cerveau est libre des pensées parasites pour se focaliser sur la créativité. Ces moments doivent être mis à profit pour noter les idées. Personnellement, je sais que le fait de conduire me donne beaucoup d’idées, du coup j’ai toujours un paquet de post’it à proximité.
Un commentaire plein de bon sens ! C’est vrai que c’est important d’avoir toujours quelque chose à proximité pour noter ses idées. Perso j’utilise Evernote depuis peu et ça me change la vie. Je l’utilise notamment pour construire mes articles, je vous le conseille fortement !
Bonjour Jérémy, je pense que ce qui freine la créativité c’est aussi la peur d’être jugé.
Quand je bossais pour un patron, j’avais proposé une petite idée pour améliorer un truc et le message que j’ai reçu disait en gros : je te paye pour travailler, pas pour penser, ok ?
Du coup je n’ai plus jamais rien dit ! En gros on te demande d’être une machine et point barre.
zenie
Bonjour Blandine,
Je serai un peu moins catégorique que toi sur ce point. Certains métiers acceptent et encouragent la prise d’initiative et les idées novatrices, je pense que les choses bougent peu à peu car les mentalités changent.
La créativité et l’innovation sont des choses qui deviennent de plus en plus cruciales en ces temps d’extrême compétitivité. Je le constate particulièrement dans mon domaine (le web). Peu à peu, les décideurs doivent se mettre à jour sur les nouvelles règles du business et le fait que des personnes plus jeunes accèdent à des postes a responsabilités joue aussi là dessus. Maintenant, je suis d’accord que ça n’est pas la majorité des domaines professionnels qui sont aussi ouverts. Mais dans cette nouvelle donne, ceux qui ne s’adaptent pas finiront par le regretter.
concernant le manque d’argent comme facteur de non créativité selon l’étude Adobe je suis pas d’accord . Je travaille avec l’Inde et je n’ai pas connu plus créatif face à un problème, alors que nous pouvons bloquer a la même étape . C’est un conditionnement depuis l’enfance ..à toujours trouver des idées face a un problème ..le contourner fazce au manque de moyens .. tandis que nos enfants d’aujourd’hui semblent bien statique devant leur écrans avec tout à portée .. de main . Felicitation pour votre blog
Merci pour les félicitations 😉
Je suis d’accord, l’argent n’est pas en lien direct avec la créativité. Je pense aussi à ces photos d’enfants africains pauvres jouant avec des jouets construits eux-mêmes à partir d’objets de récup’. Tant que l’imagination est là, il n’y a pas de limites !
A bientôt !
Dans la partie « Quels obstacles freinent notre créativité ? », vous avez oublié:
– la législation
La France en est la spécialiste en la matière… Pays de conservateurs libéral (et de coincé aussi)…
Je pense que je vais être obligé d’abandonner mon projet de bobber électrique à cause de ça et ça me fait clairement chier…