Cyriel Kortleven est un expert en créativité de renommée internationale.
Son travail consiste à aider les entreprises ou organisations à optimiser leur stratégie créative afin de maximiser leur efficacité et/ou leurs profits. Il anime également des conférences, ateliers ou séances d’idéations partout dans le monde.
Je l’ai contacté récemment pour lui demander la permission d’utiliser 3 des ses astuces pour réussir un brainstorming. Il a gentiment accepté, et j’ai profité de cette occasion pour lui demander s’il serait partant pour répondre à quelques questions pour Out the Box. Décidément, Cyriel Kortleven est un homme vraiment sympathique 😉
Dans cette entrevue, Cyriel nous parle de son crédo: partager des techniques de pensée créative simples et facilement applicables. Il évoque aussi ce qu’il appelle les ideakillers (« les tueurs d’idées »).
Vous savez, toutes ces expressions qui tuent un projet dans l’œuf en présumant qu’il serait trop cher/compliqué/irréaliste/etc. En fin d’interview il aborde également le contenu de son dernier livre, Less is Beautiful.
Ses réponses sont sincèrement passionnantes et pleines d’enseignements. Je suis heureux et honoré qu’il ait pris le temps de répondre à mes questions, et j’espère que vous prendrez plaisir à lire cette entrevue !
Interview de Cyriel Kortleven
Bonjour Cyriel, et merci beaucoup d’accepter cette interview pour Out the Box ! Pouvez-vous vous présenter brièvement et nous expliquer comment vous êtes devenu expert en créativité ?
Je m’appelle Cyriel Kortleven et suis originaire de Belgique. J’y effectue 30% de mon travail, 30 autres aux Pays-Bas et 40% à l’étranger. J’ai fait des études d’économie et durant ma 1re expérience professionnelle en tant que stagiaire en management, j’ai suivi un atelier d’une demi-journée en pensée créative.
C’était une super expérience et ça m’a amené à penser qu’il n’y a jamais qu’une seule réponse possible (c’était ce qu’on m’avait enseigné à l’université, mais ça ne fonctionne pas toujours dans le monde réel). Grâce à la créativité, on peut toujours trouver une seconde réponse, puis une troisième…
C’est devenu un de mes principes de vie: il y a toujours des alternatives. Parfois il arrive qu’on n’aime pas ce qu’elles impliquent, mais il ne faut pas dire qu’il n’y a pas d’autres possibilités. L’après-midi même après l’atelier, j’ai cherché sur Internet pour voir s’il existait une entreprise en Belgique qui travaillait dans ce domaine et j’ai découvert le COCD – le Centre de Développement de la Pensée Créative.
J’ai immédiatement réservé une formation de 3 jours en pensée créative et suis devenu un grand fan de cette méthode. Dans le même temps, mon stage a pris fin et une place s’est libérée au centre de créativité.
J’ai postulé pour le job et 2 semaines plus tard, je travaillais comme chef de bureau au Centre. Je suis resté à ce poste pendant 3 ans jusqu’à 2004 puis j’ai commencé à travailler à mon compte en tant qu’expert en créativité. Et j’aime toujours autant faire ça chaque jour.
Quel est le meilleur conseil que vous pourriez donner à quelqu’un qui souhaite devenir plus créatif ?
Différez votre jugement. Essayez d’éviter vos propres « tueurs d’idées » (NDLR: les fameux « ideakillers » que j’évoquais en introduction) du type « oui, mais pas d’argent », « oui, mais pas de temps », « oui, mais… » si vous voulez générer plus d’idées créatives.
Il y a plein de raisons (parfois bonnes) qui expliquent pourquoi nous passons notre temps à juger:
- Nous sommes effrayés à l’idée de sortir de notre zone de confort
- Nous ne voyons que les désavantages d’une idée
- Nous nous attendons à ce que cette nouvelle idée coûte beaucoup d’argent
- Et cela prendra certainement beaucoup de temps à mettre en place…
On appelle ces raisons des « tueurs d’idées ». Les tueurs d’idées sont toutes ces expressions qui tendent à faire régner le statu quo et de s’assurer qu’on n’a pas besoin de changer.
Si vous voulez stimuler votre propre créativité, reportez votre jugement et optez pour le « Oui et ». Voir pour cela la règle des 3 minutes sur le site de Cyriel (en anglais) ou reportez-vous au lien donné en début d’article sur le brainstorming.
Sur Out the Box, je donne des conseils pour penser en dehors des sentiers battus (« think outside the box », en V.O). Vous allez plus loin et proposez de « Briser, Brûler ou Bannir la Boite » (Break, Burn or Ban the Box). Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
Penser hors de la boîte est un excellent départ, mais parfois vous devez aller plus loin et regarder votre problème/challenge d’une boîte totalement différente. Dans certains cas, il est intéressant de s’inspirer d’un secteur d’activité différent.
Par exemple: qu’est-ce qu’une industrie automobile peut apprendre du domaine de la santé ? Qu’est-ce qu’un cabinet-conseil peut apprendre de l’étude de marché ? Ainsi, au lieu de penser hors d’une boîte/d’un cadre que l’on connaît déjà, prenez exemple sur une industrie ou une fonction différente.
Dans ce cas, vous pensez bien sûr hors de la boîte, mais vous brisez également les règles de votre propre domaine d’activité. Et vous pourrez peut-être découvrir un business-model totalement différent.
Par exemple, Amazon est maintenant devenu un concurrent des grands centres commerciaux comme Wallmart (avec Amazon Fresh). Ils ont brisé le cadre de vendre des livres et sont en train d’exploiter des industries complètement différentes.
Google (à l’origine dans la « boite » de la recherche de données) est à présent en train d’investir du temps, de l’argent et de l’énergie dans le domaine de l’automobile (exemple: la Google Car, une voiture qui se conduit toute seule). Ces types d’innovations vont encore plus loin que le simple fait de penser hors de leurs boites.
Quels bénéfices concrets les individus ou entreprises qui participent à vos ateliers retirent-ils ? Pouvez-vous citer un exemple où, en suivant vos conseils, un business a changé radicalement ses résultats ?
Je pense qu’un des éléments les plus précieux est de développer un état d’esprit ouvert et créatif. Cela vous aide dans toute situation (aussi bien dans votre vie professionnelle que privée). Et les participants obtiennent des astuces vraiment concrètes et pratiques sur la façon de booster le nombre de leurs idées dans un laps de temps limité. Ils peuvent utiliser cela dans leurs propres réunions d’entreprises pour s’assurer qu’émergent plus de possibilités.
Un exemple très concret tiré d’une de mes sessions d’idéations est une séance que j’ai supervisée pour une entreprise qui organise de grands évènements de courses en Belgique.
J’ai animé trois séances de brainstorming pour eux. Ils voulaient être plus innovants en organisant de nouveaux thèmes et ajouter de la valeur à leurs courses existantes.
Une session de remue-méninges a porté sur leur course d’Halloween. Au lieu que tout le monde soit déguisé et qu’on ait des citrouilles au bord de la route (comme la plupart des courses d’Halloween), le groupe a abouti à de splendides idées pour rendre la course beaucoup plus spectaculaire.
Pendant la course, plusieurs acteurs (déguisés en costumes effrayants) surgissaient à des moments inattendus; Les participants qui terminaient la course pouvaient avoir une photo avec un zombie et quelques coureurs ont même été « kidnappés » pendant la course (et ont reçu un traitement « spécial VIP) !
Cette course d’Halloween a eu lieu le 31 octobre 2013 et ils ont réellement appliqué ces folles idées. Ça a été un grand succès et ils ont obtenu beaucoup plus de participants que d’habitude.
Finalement, pouvez-vous nous parler de la philosophie derrière votre dernier livre, Less is Beautiful » ?
« Less is Beautiful » est un livre dont j’ai achevé l’écriture en novembre 2013. Je voulais partager des histoires inspirantes de diverses organisations ayant implémenté la philosophie du « Less is Beautiful » (littéralement, « Le moins est beau »).
Le livre est basé sur 4 piliers:
- Pourquoi plus, c’est trop
- Commencez à arrêter
- Simplifiez
- Laissez aller
Ce livre est écrit pour des professionnels qui opèrent en entreprises et/ou au gouvernement et qui cherchent à obtenir plus de résultats avec moins d’efforts.
Vous y trouverez une large variété d’outils et d’exemples allant d’entreprises célèbres telles que Google ou Apple, connues pour leurs principes simples, à une campagne de social media (NDLR: communication sur les réseaux sociaux) insolite pour le parc à thème d’Harry Potter. Ou du centre d’appel 311 de New York aux hôpitaux orientés patients. Ou des outils comme le test de la tante Bertha à des concepts totalement nouveaux comme le nearling (ce terme signifie « quelque chose qui a été fait avec les bonnes intentions, mais qui n’a pas – encore – conduit au bon résultat ») ou le wonder walk (une marche où les participants discutent en petits groupes de sujets définis auparavant. À la fin, un compte-rendu est fait et une image de celui-ci est envoyée aux participants).
Mais pourquoi un conférencier en créativité et innovation de renommée mondiale écrit un livre sur « Le Moins, c’est Beau » ?
La raison est très simple. Beaucoup de gens associent la créativité aux seuls produits et services. Mais c’est seulement une petite partie d’un tout. La créativité devient de plus en plus importante – naturellement en temps de crise – afin d’apporter plus de valeur ajoutée en utilisant moins de ressources (temps, argent, personnes).
Vous devez être créatif pour stopper des projets qui n’apportent plus de valeur ajoutée, pour simplifier des processus complexes et laisser tomber des règles afin de regagner la confiance de vos employés, clients et autres intervenants.
Les personnes intéressées par le livre peuvent télécharger un aperçu gratuit via ce lien: http://www.lessisbeautiful.co/preview.html
Que vous inspirent les réponses de Cyriel ? Adhérez-vous à ses constats et aux solutions qu’il propose ? Vos avis m’intéressent, n’hésitez pas à vous exprimer en commentaires !
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