Au fil des ans, j’ai abordé de nombreuses techniques artistiques à travers mes articles. Pourtant, jamais encore je n’étais tombé sur un artiste dont le médium d’expression est le néon.
C’est désormais chose faite avec Patrick Martinez, un artiste lumineux s’il en est.
S’il ne se limite pas qu’à ce vecteur pour créer, ce dernier s’est notamment fait remarquer grâce à ce tube lumineux créé par le français Georges Claude en 1910.
Un outil singulier qu’il manie de main de maître pour faire parler sa révolte.
Patrick Martinez, un artiste complet
Patrick Martinez est né en 1980 et a grandi dans la banlieue de Los Angeles. Ses origines variées (philippin, mexicain et améridien) lui ont apporté une diversité culturelle unique qui nourrit et enrichit sa vision d’artiste.
Marqué par le mouvement hip-hop durant sa jeunesse, il se lance dans le graffiti dès l’âge de 12 ans.
Cette passion naissante pour l’expression artistique l’a conduit plus tard jusqu’au Art Center College and Design, une université californienne. C’est là qu’il a développé ses talents et appris à maîtriser d’autres formes d’art comme la céramique, la sculpture ou encore la peinture.
Depuis ses débuts, Martinez a exposé ses œuvres en groupe ou en solo aux États-Unis mais aussi au Canada ou aux Pays-Bas.
Son style mixe un regard vif sur les réalités des quartiers de L.A et les problèmes de société d’une façon plus générale. Tout cela, non sans une touche d’humour et de sensibilité.
L’art comme arme de revendication
Le choix du néon comme mode d’expression porte une visée différente d’autres artistes, qui l’utilisent principalement à des fins esthétiques.
Martinez, quant à lui, préfère le mettre en relation avec la culture populaire et les faits de société.
Il s’intéresse particulièrement aux questions concernant les brutalités policières, l’égalité des sexes, les inégalités sociales ou encore l’immigration.
Avec ses néons, l’artiste réimagine des textes qui reflètent d’amères réalités, des vérités dures à avaler.
Il matérialise ainsi les luttes et les peurs propres à son contexte social. Ces mots s’amplifient alors et retentissent d’autant plus dans notre inconscient collectif.
Prenons pour exemple son oeuvre intitulée Free 99 (Hold Ya Head), assez révélatrice de son approche. Dans celle-ci, Martinez détourne la phrase d’une chanson du rappeur Tupac Shakur : “Currency means nothin’ if you still ain’t free.”
Par cette phrase, il dénonce cette obsession pour l’accumulation de l’argent qui domine notre société contemporaine (et peut-être à plus forte raison les USA) et le caractère illusoire de cette quête, qui nous prive de la véritable liberté, celle qu’on trouve en nous même.
On peut aussi citer cette création intitulée Then They Came For Me, qui nous rappelle toute la fragilité de notre liberté personnelle (notamment celle d’opinion, pourtant à la base de la démocratie) et d’une société juste.
Cette phrase fait référence à une citation du pasteur Martin Niemöller à propos de l’oppression Nazie durant la 2nde Guerre Mondiale. Bien que cette phrase soit inscrite dans l’histoire, elle résonne encore de nos jours.
L’utilisation du néon
L’utilisation du néon en elle-même est hautement révélatrice du message que veut faire passer l’artiste.
Typiquement, les néons sont ces enseignes lumineuses que l’on ne voit plus tant elles sont omniprésentes et intégrées dans notre quotidien. C’est encore plus vrai à Los Angeles où est basé Martinez.
De la même façon, cela renvoie symboliquement aux injustices ainsi qu’à d’autres problèmes de société sur lesquels nous fermons les yeux tant ils sont devenus tragiquement familiers.
Paradoxalement, le fait d’employer le néon met littéralement en lumière ces messages de sorte qu’on ne peut plus les ignorer.
Le mot de la fin
Par son art, Martinez vise à provoquer une réflexion, engager un dialogue. En cela, il voit ses œuvres comme des ponts et non comme une simple représentation artistique ou esthétique.
Mais ce qui frappe sans doute le plus dans ses créations, c’est ce talent à capturer de façon aussi puissante tout ce que le spectateur ne désire pas voir. La cupidité, les combats, la sauvagerie… L’envers du décor du sacro-saint rêve américain, en quelque sorte.
Tout cela est mis sous le regard de ce dernier de façon à ce qu’il ne puisse pas le manquer, à la façon d’une enseigne lumineuse qui cherche à attirer le regard d’un potentiel client dans la nuit. Toute une symbolique.
Edit : l’outil d’analyse de données que j’utilise m’indique que beaucoup de lecteurs arrivent sur cet article alors qu’ils cherchaient des idées d’inspiration pour créer une enseigne lumineuse originale. Si c’est votre cas, sachez que vous trouverez de nombreuses idées de création ici !
En attendant, j’espère que vous avez apprécié cet article. Vos réactions et réflexions sur l’art de Patrick Martinez sont les bienvenues en commentaires 😉
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