Je vous l’accorde, le titre de cet article peut paraître étrange à première vue.

Dans la logique, on s’accorde à dire que la douleur ressentie par une personne confrontée au rejet social est d’abord d’ordre psychologique. Les dommages causés par une blessure sont, eux, plutôt liés au physique.

rejet-social

D’abord, qu’est-ce que le rejet social ?

Ce que l’on appelle aussi ostracisme peut aller du fait d’être exclu volontairement d’un groupe à celui de ne pas être choisi après un entretien d’embauche, ou encore de se faire quitter par son/sa partenaire.

Les situations de rejet social sont donc nombreuses… et douloureuses.

Une douleur longtemps sous-estimée

La science s’esrejet-et-ostracismet longtemps penchée sur les effets des douleurs physiques, en négligeant celles dues au domaine psychologique.

« C’est comme si tout le champ de la recherche avait manqué cet aspect déterminant de la vie humaine », a déclaré Mark Leary, professeur de psychologie et de neurosciences à l’Université Duke (USA).

Heureusement, cela a changé au cours de la dernière décennie avec un nombre croissant de chercheurs qui se sont intéressés à ce type de mal-être.

« Les gens ont réalisé à quel point notre souci de l’acceptation sociale se répercute dans presque tout ce que nous faisons », ajoute le scientifique.

En creusant plus profondément dans les racines du rejet, ils ont découvert que la peine ressentie lorsqu’on est exclu n’est pas si différente de la douleur d’une blessure physique. Il apparaît même que le rejet social a de graves conséquences sur l’état psychologique de l’individu et pour la société en général.

De lourdes conséquences psychologiques… et physiques

Le rejet social peut influer sur l’émotion, la cognition et même la santé physique.

Il augmente la colère, l’anxiété, la dépression, la jalousie, la tristesse et réduit aussi les performances sur des tâches intellectuelles difficiles. Des études ont aussi montré que les gens qui ont l’habitude de se sentir exclu ont une moins bonne qualité de sommeil, et que leurs systèmes immunitaires ne fonctionnent pas aussi bien que ceux des personnes ayant de forts liens sociaux.

cerveau-douleur-psychologique

A force, les gens ostracisés (=rejetés) peuvent parfois devenir agressifs. En 2003, Leary et ses collègues ont analysé 15 cas de jeunes impliqués dans des tueries dans leur établissement scolaire, et ont trouvé que 13 d’entre eux souffraient de rejet social !

Nathan C. DeWall, psychologue à l’Université du Kentucky, explique que les humains ont un besoin fondamental d’appartenance. Tout comme nous avons besoin de nourriture et d’eau pour vivre, nous avons également des besoins en matière de relations positives et durables.

Ce besoin est profondément enraciné dans notre histoire évolutive et a toutes sortes de conséquences dans les processus psychologiques modernes.

Le rejet social expliqué scientifiquement

Pour étudier ce processus de rejet, les scientifiques ont utilisé une IRM (Imagerie par Résonance Magnétique) pour surveiller l’activité cérébrale de sujets lors d’une simulation de rejet social. Selon eux, deux zones du cerveau associées à la douleur physique réagissent alors.

coeur-briseCes zones cérébrales s’activent lorsqu’une personne est victime d’une souffrance d’ordre social ou romantique. Cette douleur peut être consécutive à une tromperie, une séparation amoureuse ou un rejet venant de quelqu’un qu’il / elle aime.

En réalité, la douleur physique a deux aspects: l’expérience sensorielle de la douleur et son aspect émotionnel, dans lequel votre cerveau décide à quel point la douleur est pénible.

Cette composante émotionnelle de la douleur physique est semblable à la douleur ressentie lors d’un rejet social.

Cependant, un grave rejet social (comme être quitté par son partenaire amoureux, par exemple) peut également être traité par la partie de votre cerveau qui gère la composante sensorielle de la douleur.

Les chercheurs ont notamment soumis des photos de leur ex-partenaire à des sujets s’étant fait quitter récemment (on est d’accord, c’est cruel). Ils ont découvert que le cerveau traite les douleurs physiques et mentales presque de la même façon, c’est à dire en libérant une sorte d’analgésique naturel.

Parmi les 122 participants à l’expérience, les scientifiques ont réussi à isoler l’OPRM1, un gène lié à la douleur. Puis ils ont analysé la façon dont réagissaient les sujets d’expérience lors de différents scénarios. Leur recherche a également montré que certaines personnes ont des niveaux de sensibilité différents à l’égard du rejet social.

Une douleur « utile »

Pourtant, si désagréable soit-elle cette douleur a une véritable utilité. Du point de vue de l’évolution, être socialement isolé, sans soutien, est synonyme de mise en danger et potentiellement de mort. La Nature a sans doute fait en sorte que le rejet soit désagréable pour que les individus restent groupés et puissent davantage survivre et évoluer ensemble.

Se sentir accepté du point de vue social est donc non seulement nécessaire, mais aussi vital !

« Je pense que si les gens pouvaient arrêter d’extrapoler à l’excès, ils parviendraient à se soulager de beaucoup d’angoisses » souligne encore le chercheur.

Une façon de dire que la remise en question et l’ouverture d’esprit sont une sorte de gymnastique à adopter pour être mieux accepté par les autres et vivre plus heureux !

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22 Réponses

  1. Chloé

    Bonjour, qui est l’auteur de cet article? et quel est son statut professionnel? merci d’avance

    Répondre
      • Chloé

        D’accord Jérémy je vous remercie! Cependant, j’aimerais savoir d’où provient la source de vos connaissances, la ou les sources de cet article? sur cet notion de rejet? Vous êtes professionnel en psychologie ou autre? d’où sont tirées ces notions et ces définitions sur le rejet? En effet je suis en 3e année de formation assistante sociale et je fais mon mémoire sur le rejet des personnes handicapées, et j’aurais besoin d’avoir des réponses à mes questionnements si cela ne vous embête pas. Car j’ai trouvé très interessant votre article, il ne me manque plus de savoir cela pour le mettre en bibliographie. Je vous souhaite une bonne soirée et merci beaucoup!

      • Jérémy Ouassana

        Bonjour Chloé,

        Je dois vous avouer que j’ai écrit cet article il y a plus d’un an et que je ne me souviens plus ses sources précises. Je les avait récupérées sur des sites anglo-saxons principalement, mais lesquels exactement ? Mystère… :s

        En cherchant un peu, j’ai retrouvé ce site qui a certainement du me servir de base à la rédaction du cet article.

        Sinon je ne suis pas un professionnel en psychologie, mon métier est rédacteur-web. J’écris des contenus pour des sites Internet. Mais quand je me renseigne pour écrire des articles sérieux (comme celui-ci par exemple), je récupère toujours mes informations sur des sites qui le sont tout autant. L’article que je met en lien ci-dessus provient par exemple du site officiel de l’American Psychology Association (APA).

        Au plaisir de continuer ce débat avec vous !

  2. Chloé

    Merci pour vos informations, c’est très gentil d’avoir répondu comme vous avez pu!
    Comment pourrait-on traduire en français l’APA? Quelles types de personnes donnent des informations sur ce site?

    Répondre
    • Jérémy Ouassana

      Bonjour Chloé !

      De rien, c’est un plaisir 🙂

      La traduction la plus évidente est l’Association Américaine de Psychologie. Quant aux types de personnes qui y contribuent, vous trouverez toutes les infos sur cette page 😉

      Répondre
      • Chloé

        Merci beaucoup!

        Par contre petit soucis… je ne parle pas un mot anglais… sauriez vous grossièrement?

      • Jérémy Ouassana

        En résumé, ils proposent plusieurs degrés de participation (membre, associé, affilié, etc…) selon qu’on a tel ou tel statut universitaire (étudiant – licencié, doctorant… -, professeur…). Sinon Google Traduction peut servir dans ces cas là 😉

        Donc les sources de ce site proviennent bien de professionnels en psychologie et à ce titre, je pense que vous pouvez décemment les utiliser dans votre mémoire.

    • DANDRES Catherine

      Bonjour Chloé votre travail sur le rejet des personnes handicapées m’intéresse et pourrait intéresser l’UNAFAM dont je fais partie. Nous sommes en 2016 maintenant, je suppose qu’il est achevé. Avez- vous trouve des solutions à ce grave problème. ,

      Répondre
  3. Chloé

    D’accord et bien merci beaucoup pour vos informations! =)
    C’est gentil! Bonne journée à vous!

    Répondre
  4. Val

    Bonjour, cet article commençait bien mais, à la fin vous vous trompez de cible en prétendant que l’isolé est celui qui manque de remise en question et d’ouverture d’esprit.
    C’est méconnaître le genre humain car, bien des gens s’isolent pour préserver leur santé mentale, leur intégrité.
    Alors que ce sont les groupes tels les bandes de voyous dans les écoles et dans les entreprises qui poussent leur camarade/collègue au suicide.
    C’est eux qui font preuve d’intolérance et de violence et qui continuent de nier pour la plupart les faits une fois la cible éliminée.
    Selon votre logique c’est à la victime de faire l’effort d’aller vers les loups mais, jamais les loups de se corriger.

    Quant à Chloé…
    Nul besoin de faire des études, le cul assis sur une chaise ou un banc d’université pour comprendre la réalité de ce monde.
    Il suffit de le vivre, là est la véritable connaissance.

    Bonne continuation.

    Répondre
    • Jérémy Ouassana

      Bonjour Val,

      Il est évident que les personnes qui en ostracisent d’autres manquent également cruellement d’ouverture d’esprit et sont ceux qui ont d’abord besoin de se remettre en question. Mais ça ne signifie pas que celui qui se fait ostraciser ne doit pas aussi se remettre en question pour sortir de ce cycle infernal de « victimisation ». Pourquoi les autres le mettent-il à l’écart ? Pourquoi sont-ils méchants envers lui ? N’y a-t-il pas des choses qu’il peut changer pour mieux s’intégrer ?

      Il n’est pas question d’adhérer à un groupe à tout prix, mais à se poser les bonnes questions pour comprendre pourquoi on en est exclu.

      Répondre
      • Val

        Bonsoir Jérémy,

        Voilà où notre compréhension diverge, la victime ne doit jamais se remettre en question, pourquoi ?
        Celui qui agit mal gratuitement n’a aucune excuse !
        Son acte n’a aucun fondement, il n’est que pure perversité/folie.
        Tout le monde peut être la victime d’un voleur, harceleur, violeur, assassin/terroriste.
        La victime n’est en rien responsable, même pas de son sentiment de culpabilité d’un crime qu’elle n’a pas commis.
        Sa seule responsabilité est se réparer, d’effacer ce sentiment en faisant la distinction entre elle et le vrai coupable.
        Hors, vous supposez qu’elle doit se remettre en question, qu’elle y est donc pour quelque chose, c’est horrible !
        Il n’existe aucun profil type du coupable et de la victime.
        Un des grands malheurs de ce monde est celui des psys en tout genre qui ne cesse pas de culpabiliser les victimes.
        Faut arrêter de dire que tout le monde est responsable de tout.
        De croire que tout peut être contrôlé.
        C’est une illusion !
        Les voyous, les prédateurs, les personnes toxiques en général agissent mal sans se soucier de leurs proies, ni de leurs droits.
        Combien de victimes n’ont été que là au mauvais endroit, au mauvais moment ?!

  5. Martine

    Bonsoir

    Je peux juste témoigner de mon vécu, voilà je suis depuis peu dans une entreprise mes collègues ont tous entre 23 et 38 ans moi je suis la seule a avoir bientôt 55ans, et je souffres énormément de leur façon de me mettre à l’écart de leurs discussions, dès que j’essaie de participer, ils ne s’intéressent pas à ce que je penses, et continuent à parler entre eux comme si je n’existais pas, je souffres énormément de cette situation car je me sens vraiment mise de côté, peut être ne s’en rendent-ils pas compte mais en tous les cas j’en souffre énormément. J’ai presque envie de leur envoyer à chacun un mail pour leur écrire ce que je ressent par rapport à leur façon d’être avec moi qu’en pensez-vous ? ou avez-vous d’autres idées pour que l’on m’accepte
    Merci par avance de vos réponses.

    Répondre
    • Jérémy Ouassana

      Bonjour Martine,

      Difficile de vous donner une solution toute faite, tout ce que je peux vous conseiller c’est de vous montrer dans une posture d’ouverture. Essayez si c’est possible et que vous ne sentez pas vos collègues trop malveillants de vous mêler aux conversations qui vous intéressent, sans être non plus trop intrusive. S’il y a des « pots » (anniversaires, départs…), essayez de demander à en être. Peut-être que c’est simplement votre différence d’âge, et non votre personnalité, qui les amène à ne pas vous inclure dans leurs discussions.

      Si vous repérez une personne de ce groupe qui vous semble plus sympathique que les autres, essayez de la prendre à part et de lui parler de votre souffrance. Mais mettez-y les formes : l’idée n’est pas de lui déverser dessus tout votre ma-être.

      Je vous déconseillerai le mail, qui risque trop d’être vu comme une tentative désespérée pour vous trouver des « amis » et vous placerai dans une situation de victime trop évidente. Mieux vaut vous confier à une personne qui vous inspire confiance, et qui pourra peut-être jouer l’ambassadrice pour vous auprès du groupe.

      En tout cas, il faut essayer de mettre en avant votre personnalité plutôt qu’adopter une attitude de repli. En tant que personne plus mûre qu’eux, vous avez sans doute d’autres choses à leur apporter (expérience professionnelle et de la vie, par exemple). Essayez de miser là dessus !

      Je vous souhaite bon courage dans votre démarche !

      Répondre
  6. Steve

    Excusez-moi mais il faut être vraiment nul et parfaitement médiocre dans les études, n’est-ce pas Chloé ? pour ne pas savoir que l’American Psychology Association est à l’origine du DSM répertoire international des pathologies psy, la Bible de tous les psychiatres du monde entier.

    Alors je ne sais pas où vous l’avez trouvé la Chloé, mais si elle fait de la psycho, elle a pas dû étudier très loin !! Ca c’est moi qui vous le dit ! Et si elle ne redonne plus signe de vie c’est que son intervention était bidon et seulement intéressée.

    Répondre
  7. Kaltoum

    Le problème est qu’on est entouré de pervers narcissique et il y en a bien plus que l’on ne croit. La solution est de fuir. Beaucoup de vidéos parlent des PN. Lorsqu’on est confronté depuis toute notre vie à ce type de pervers ( parent, camarade d’école, collègue…), la suite logique est le repli sur soi, la solitude pour survivre. Non la solitude ne mène pas à la mort contrairement à ce qui est écrit dans cet article.

    Répondre
  8. Anonyme

    Le vrai rejet social est surtout lié au physique et au handicap.

    L’ostracisme concernant le physique est minimisé, contrairement au racisme ethnique.

    Le racisme ethnique est minoritaire, la discrimination physique est majoritaire, à tout âge et dans tous les domaines de la vie, la société ne défend que ce qui l’arrange et se fout des victimes.

    Répondre
    • Jérémy Ouassana

      Bonjour, et merci pour votre commentaire.

      Je vous rejoins sur le fait que le « délit de sale gueule » (comme on l’appelle couramment) trouve bien moins d’écho dans les médias que les rejets liés au racisme. Pour autant, je ne pense pas que le racisme ethnique soit minoritaire. Bien au contraire, selon moi ! On assiste de plus en plus à un racisme ordinaire, limite décomplexé, qui atteint ses victimes dans les moindres aspects de leurs vies quotidiennes.

      De toutes façons, l’enjeu n’est pas (à mon sens) d’établir quelle discrimination est la plus fréquente, ou la plus grave, mais d’oeuvrer chacun à notre niveau pour plus de tolérance les uns envers les autres.

      Répondre
      • Brusau

        je pense que vous avez tort: notre société est dans le siècle de la
        « normopathie » et dans notre monde « cathodique », où on ne vit que pour l’apparence et dans le virtuel, être mal formé, sentir l’urine (ou autre chose) plus souffrir dans sa chair sans pouvoir physiquement échapper à cette situation relève d’un supplice de tous les instants sans grand espoir de pouvoir « s’en sortir »: alors on cache et se tait.
        Les ostracisés de la sorte, de naissance , de vieillesse ou par accident sont, contrairement à ce que vous croyez, très nombreux en France mais ce pays de « coqs qui chantent les pieds dans la merde » (ce sont les anglais qui le disent !) a à la fois perdu les valeurs d’humanisme chrétien qui persistent dans les pays latins sans acquérir la dé-complexion des pays nordiques ou anglo-saxons concernant les apparences et de ce fait c’est peut être l’un des pays d’Europe où ces « indésirables » sont les plus « planqués » : ils restent ainsi sans voix et peu visibles. Par pudeur je ne veux pas entrer dans des détails mais je puis assurer qu’entre le monde des  » handicapés gaulois » et celui des
        « valides ethniques » (quelle que soit l’ethnie) et bien il n’y a pas …
        …photo! car si se débarrasser d’une blessure d’orgueil et d’une situation matérielle insuffisante est difficile mais pas impossible, se débarrasser de leur souffrance est devenu carrément inaccessible.

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