Breaking Bad fait partie des séries que l’on retient parmi la foule de productions actuelles. Des personnages profonds, un pitch malin et très original, une intrigue haletante… A travers 5 saisons et 62 épisodes, les créateurs du show d’AMC (chaîne américaine) ont réussi à développer une œuvre culte.

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Pour ceux qui ne la connaissent pas encore, voici un bref résumé de la série:

Walter White est le professeur de chimie d’un petit lycée a qui on diagnostique un cancer du poumon en phase terminale. Se sachant mourant, il commence a fabriquer de la méthamphétamine (drogue de synthèse) afin de pouvoir laisser de l’argent à sa famille une fois parti. A chaque épisode, Walt devient plus sournois et criminel, trompant tout le monde à commencer par sa famille.

Breaking Bad est bien plus qu’une série sur le business de la drogue. Elle raconte la transformation d’un homme banal explorant toujours plus loin les sombres aspects de sa personnalité. Le personnage de Walter White (le père de Malcolm dans la série éponyme) nous amène à nous poser cette « simple » question: que deviendrions-nous si nous n’avions plus rien à perdre?

Supprimer le jugement, accueillir les idées pour ce qu’elles sont et suivre son inspiration

Je vous en parle aujourd’hui car je suis un fan total de la série. Logiquement, il me semblait intéressant de l’étudier d’un point de vue créatif.

Comment peut-on créer une intrigue qui puisse retenir à ce point le spectateur saison après saison ? Quel processus créatif s’est joué dans les coulisses ?

J’ai trouvé les réponses à ces questions au fil de mes recherches. Il semblerait que les auteurs de la série, à partir d’un scénario de base, aient ensuite suivi leur inspiration pour voir où elle les mènerait. Vince Gilligan, le créateur de la série, a même avoué avoir écrit deux fois plus d’épisodes que prévu.

L’équipe scénaristique a également adopté un mode de fonctionnement visant à réduire la punition des idées. A la place, celles-ci étaient discutées, renforcées et développées.

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« Pour vivre une vie créative, nous devons perdre notre peur d’avoir tort »

Lors d’une interview, Peter Gould et Thomas Schnauz (scénaristes, réalisateurs et producteurs associés) ont expliqué comment se déroulait l’élaboration de l’intrigue. Leur procédé, qui n’a rien de nouveau en soi, apporte pourtant un éclairage intéressant sur la façon d’encourager la créativité en équipe.

A un moment, le journaliste leur demande si la pièce où se réunissaient les auteurs était typique de l’ambiance qu’on peut retrouver dans ce type de lieu. Un endroit où « les gens ne sont pas sympa les uns envers les autres, nocifs dans leur façon de rejeter les idées des autres. »

La réponse de Schnauz révèle ce que beaucoup d’organisations qui ne parviennent pas à générer de la créativité de leurs employés devraient comprendre:

« C’était ce que nous appelions une chambre de sécurité, où nous pouvions dire n’importe quoi de stupide sans crainte d’être jugés. C’est vraiment la meilleure façon de travailler. Je veux dire, si vous sentez que vous allez être critiqué pour ce que vous dites, alors vous ne direz rien. Vous allez vous la fermer. Et vous devez être libre de dire quelque chose de stupide, parce que très souvent quand vous dites quelque chose de stupide, une bonne idée en découle ».

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Que faut-il retenir de cela ? Que comme souvent, les valeurs positives sont celles qui fonctionnent le mieux. Ouverture d’esprit, respect et libre circulation des idées, jugement « restreint » (et non absent), etc.

Si vous voulez créer un environnement qui favorise la créativité, adoptez le processus comportemental utilisé pour Breaking Bad: bannissez les critiques qui pourrait freiner la génération d’idées  et encouragez le renforcement positif pour obtenir plus d’idées.

A présent, penchons-nous sur le storytelling de Breaking Bad. Son créateur nous partage son expérience sur la façon de conter une histoire dont on ne peut plus se défaire (comme la « meth » vendue par le personnage principal de la série) !

Storytelling: 3 conseils avisés de Vince Gilligan

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Vince Gilligan, créateur de Breaking Bad, tenant un faux sachet de métamphétamine

D’abord, qu’est-ce que le storytelling ?

Ce qu’on appelle parfois communication narrative en français « consiste à essayer de faire émerger au sein des organisations ou du public une ou plusieurs histoires à fort pouvoir de séduction et de conviction. Ces histoires, pouvant être réduites à des anecdotes ou étendues à des discours entiers, servent de vecteurs pour faire passer des messages plus complexes. Ces derniers sont ainsi transmis avec plus d’efficacité, selon le principe que pour parler à la tête, il faut souvent d’abord toucher le cœur. Autrement dit il faut passer par l’émotion pour atteindre la raison. »

Source Wikipédia, Storytelling

Voyons ce qu’en dit Mr Gilligan.

Continuez à découvrir vos personnages

Si des personnages forts sont essentiels à toute bonne série, la rigidité quant au développement de leur personnalité peut être dangereuse. A la place, Gilligan conseille aux écrivains/scénaristes de se permettre de découvrir leurs personnages au fil de l’intrigue.

En résumé, de laisser un peu de place au neuf et à l’improvisation !

“Ma connaissance de Walter White est bien plus riche maintenant qu’au moment où je travaillais sur le pilote de la série. Je ne réalisais pas alors à quel point il était brisé et orgueilleux. Les scénaristes et moi sommes dans le processus de découverte tout comme le sont les spectateurs. Au lieu de soigneusement construire des archétypes, les personnages peuvent se développer de façon organique et nuancée. »

Faites-vous une mission de surprendre

La prévisibilité est devenue une marque de fabrique des programmes télévisés, mais Gilligan a toujours essayé de surprendre son audience. « C’est toujours un choix conscient que de surprendre les gens. C’est toujours la mission. Aujourd’hui, avec tous les merveilleux (et parfois pas si merveilleux) divertissements, il est plus difficile que jamais de garder les choses intéressantes, et c’est pour ça que vous devez surprendre les spectateurs. »

Gilligan n’est pas seulement disposé mais aussi avide d’éliminer de grands personnages, prendre des risques et se déporter du chemin le plus évident, rappelant aux spectateurs de ne pas s’enliser dans leur zone de confort.

Transformez les situations complexes en opportunités

Gilligan raconte que lorsqu’il travaillait sur Breaking Bad, il était fréquemment confronté à des situations difficiles. En préparant la saison 2, lui et son équipe avaient recruté l’acteur Raymond Cruz pour jouer le méchant principal,  un baron de la drogue nommé Tuco Salamanca.

Mais après avoir tourné seulement un épisode, Cruz a dû partir tourner une autre série. Gilligan a donc créé un nouveau méchant, Gustavo Fring, un distributeur de métamphétamine froid comme la mort joué par l’acteur Giancarlo Esposito (ci-dessous).

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“On a dû faire avec, et à mon sens Gus est l’un des meilleurs points forts de toute la série. Il n’aurait sans doute pas existé si un autre acteur avait été disponible pour nous. » Rester ouvert au changement et à la découverte constante a produit d’excellents résultats chez Gilligan. Un fonctionnement si efficace qu’il a pu créer deux fois plus d’heures de Breaking Bad que ce qu’il avait initialement prévu !

Avoir une idée trop fixe de comment tout cela doit se terminer est contre-productif, confie Gilligan. « Si vous êtes trop rigide dans votre pensée, vous risquez de manquer de merveilleuses opportunités de raconter des histoires. »

Et vous, avez-vous suivi cette série ? Comptez-vous vous y mettre après cet article ?

Si vous connaissez des fans de Breaking Bad dans votre entourage, partagez-leur cet article 😉

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4 Réponses

  1. Haydée

    Salut Jérémy,

    J’ai enfin pris le temps de lire ton excellent article !
    Je me reconnais beaucoup dans ces manières de faire à ma toute petite échelle.

    Je suis dans le brainstorming constant, je note toutes les idées qui me passent par la tête, c’est une obligation pour être bon et original.

    Je ne connaissais pas cette série, je n’en connais d’ailleurs aucune car je ne regarde tout simplement pas la télé. Je dois y perdre au change, car je ne suis pas du tout à la page à ce niveau !

    Ton analyse est très bonne, je vais m’en inspirer. D’ailleurs à la maison, on dit toujours le mot « brainstorming » avant d’émettre une idée pour nous mettre en condition et pour éviter que le naturel de l’homme revienne au galop : la critique peu constructive !

    Le fait de tout noter, de les classer par thème, de les regrouper toute ensemble font qu’en ce moment je suis en train de changer la direction de mon blog, que je trouve encore trop généraliste.

    Je le redis tout haut, la meilleure manière d’évoluer dans le bon sens, c’est de tout noter sans se critiquer ni critiquer l’autre. Chaque note aura un impact sur la créativité du blog dans le « futur ».

    Tony qui fait les dessins de notre blog me demande d’être critique, je le suis mais dans le bon sens. Démonter la créa d’une personne le fera perdre confiance sur le long terme. Sans le vouloir, on aurait tendance à tuer la créativité d’une personne.

    Il n’est pas rare que nous fassions des articles que nous ne publions jamais aussi !

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    • Jérémy Ouassana

      Hello Haydée 😉

      Des commentaires comme ça, bien construits et argumentés, j’aimerais en lire tous les jours. Merci beaucoup !

      Tu as bien compris l’essence de cet article: pour récolter le jus créatif, il faut d’abord le laisser couler sans filtres.

      Dire tout ce qui nous passe par la tête, tout noter (Evernote est génial pour ça!) et ensuite seulement passer les idées au tamis. Et le tout, dans le respect des opinions de chacun.

      Je trouve que ces notions de respect et d’ouverture d’esprit sont vraiment capitales lors d’une séance d’idéation à plusieurs (en plus de l’être dans la vie de tous les jours, bien sûr)!

      Au plaisir de te revoir par ici 🙂

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  2. Morgan

    C’est exactement ce que je me disais sur cette série, elle est tout bonnement excellente dans sa manière de penser les personnages, tout est traité de manière originale et intelligente. God l’épisode de la mouche est simplement cultissime ;D

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