J’ai eu l’occasion de voir le film Exit Through The Gift Shop, -mal- traduit en français par faites le mur ! et signé par l’insaisissable street-artist Banksy (dont je vous avais déjà parlé dans cet article). Le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai été assez surpris par ce documentaire que j’imaginais tout autrement.

Un peu naïvement je m’attendais à un récit de la vie et l’œuvre de son auteur, de ses premiers pas artistiques jusqu’à sa consécration internationale. Rien de tout cela pourtant dans ce documentaire choc où l’artiste prend à contrepied les attentes du spectateur lambda pour l’amener à réfléchir.

Le trailer du film en français :


FAITES LE MUR! – Bande Annonce VOSTFR par faiteslemur

Itinéraire d’un suiveur opportuniste

Le film dresse le portrait d’un homme, Thierry Guetta (rien à voir avec le DJ du même nom), un français exilé à Los Angeles depuis les années 80. Le bonhomme, un brin rondouillard et flanqué d’improbables rouflaquettes, est tombé par hasard dans cette culture underground  à cause de son amour immodéré pour la caméra vidéo. Je m’explique…

Thierry aime filmer. Beaucoup. Trop, en fait. A tel point qu’il enregistre les moindres faits et gestes de sa famille. Un jour, de passage en France, il rend visite à un cousin qui s’avère être un artiste de rue connu sous le nom d’Invader. Il le suit, le filme dans ses aventures nocturnes (Invader colle dans la ville des mosaïques formant des « space invaders », des personnages d’un jeu devenu culte sorti à la fin des années 70).

invader-paris

Un exemple d’œuvre d’Invader, dans le 5ème arrondissement de Paris.

C’est le coup de foudre : Thierry a enfin trouvé sa voie. Petit à petit et grâce à Invader, il rencontre d’autres artistes qu’il filme sous prétexte de réaliser un documentaire sur l’art urbain. En réalité, il ne fait qu’entasser les cassettes vidéos sans jamais les visionner…

L’art-triste face à l’artiste

Tout cela est bien excitant, mais le rêve ultime de Thierry est de capturer sur ses bandes LE street-artist de référence : l’anglais Banksy. Il y parviendra et gagnera sa confiance au point que ce dernier le laissera le suivre lors de ses échappées urbaines.

Une relative amitié s’installe entre les deux hommes. Thierry admire son idole tandis que Banksy voit en lui un bon moyen de revendiquer son art aux yeux du monde.

Mais pour cela, il a besoin que le français fasse le tri dans ses innombrables bandes vidéos pour en tirer un documentaire. Après beaucoup d’effort pour rien et un premier jet raté, Banksy prend les commandes du projet et conseille à Thierry de se lancer lui-même dans l’art de rue.

Art vs dollars

Thierry ne se fait pas prier. Et l’homme voit les choses en grand puisqu’il n’hésite pas à hypothéquer sa maison et son magasin pour s’offrir l’expo de ses rêves.

Régurgitant lamentablement des années de culture-pop à sa sauce et à échelle industrielle, « Mr Brainwash » (« le laveur de cerveau », c’est le surnom qu’il s’est donné) s’embarque dans un chantier pharaonique pour se faire connaître du gotha de Los Angeles.

Contre toute attente, son happening est un succès dont il tirera à terme un bénéfice d’un million de dollars après que ses spectateurs soient passés par le gift shop, soit en français la « boutique de souvenirs ».

Conclusion : un film à voir !

A la place d’un banal biopic, Banksy nous livre une réflexion sur ce qu’est devenue cette culture underground qu’est le street-art, mais surtout sur la valeur et le crédit que nous accordons à l’art aujourd’hui.

Au final, le titre français de ce docu ne rend pas justice à son contenu. Le titre original, lui, est bien plus évocateur. En 5 petits mots, il exprime tout l’aspect mercantile d’un art qui se veut, et qui doit rester underground car c’est là son essence, sa raison d’être.

Un art à l’origine contestataire, libre, parasité par un mal beaucoup plus concret : l’argent.

« Faites le mur » est donc un film passionnant car il a le mérite de se pencher sur des sujets dont on parle peu : la marchandisation à outrance de l’art ainsi que l’art urbain et ses dérives. Côté créativité, la réflexion n’est pas en reste non plus.

Si l’art s’inspire de l’existant, aucune œuvre ne peut prétendre être purement originale. Mais la différence entre un véritable artiste et un Mr Brainwash, c’est l’intention et la réflexion que sous-tend l’œuvre. Je vous laisse vous faire votre propre opinion, et vous invite à en débattre en commentaires 😉

En attendant, vous pouvez vous procurer le documentaire sur Amazon (d’ailleurs à 8,50€ le film, ça vaut franchement le coup de l’ajouter à sa collection) :

Si certains d’entre vous l’ont déjà vu, je serai curieux de savoir ce que vous en avez pensé !

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3 Réponses

  1. Christian

    Bonjour

    J’ai vu ce film à sa sortie au cinéma et comme ma mémoire me joue des tours je ne suis pas sur de pouvoir en parler sans me tromper .
    Bansky faif de l’art contestataire alors que sur l’extrait le type fait lui de l’art-fric ce qui n’est pas du tout la même chose . L’art est véritablement tronqué par ce genre d’énergumène qui discrédite l’artiste en se servant de ce qui existe pour le dénaturer en criant haut et fort que cela est du grand art . A l’arrivée plus personne ne comprend plus rien et le médiocre est reconnu pendant que les véritables artistes crèvent de faim . On peut aimer Andy Warhol mais sur l’échelle des valeurs Modigliani restera toujours au-dessus je pense . Se servir de l’existant pour créer n’a pas la même valeur que le création pure . Basquiat dont je recommande le remarquable film crée ses oeuvres du début à la fin en se servant de l’histoire de l’art mais innove sans cesse .
    Désolé pour mon exposé un peu embrouillé mais lapassion va plus vite que ma pensée .
    J
    Il ne me reste qu’une chose à rajouter , courez voir le film de Bansky et de Basquiat vous passerez un moment de rêve .
    Merci

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    • Jérémy

      Bonjour Christian et merci pour ton commentaire qui apporte une réelle valeur ajoutée à l’article.

      En effet, l’art se porterait mieux sans les imposteurs du genre de ce Mr Brainwash. Maintenant, comme le dit Noir Désir dans la chanson Un jour en France : « Chacun deviendrait le larron
      de la foire au pognon qui se trame ici ». Tant qu’il y aura de l’argent à se faire, il y aura des gens pour le ramasser… A bientôt !

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